Borderlines investigations est le nom d’un nouveau cycle artistique (après les Chroniques du réchauffement et les cartographies de l’Atlas de l’anthropocène) que je veux consacrer cette fois-ci à l’exploration des frontières et limites du monde.
En ces temps où les pressions anthropiques sur les milieux naturels, les écosystèmes, la biodiversité mettent gravement en jeu les grands équilibres de la planète ; où les scientifiques alertent sur l’entrée de la Terre dans une nouvelle période d’extinction massive du vivant (après la dernière qui a vu disparaître 70 % des espèces - dont les fameux dinosaures - il y a 65 millions d’années) ; où la forte augmentation attendue de la population mondiale d’ici 2050 risque de générer de multiples tensions pour l’accès à l’eau et l’alimentation ; où les disparités spatiales de développement se creusent ; où le politique et les différents systèmes mondiaux de gouvernance économique ne prennent pas en compte les signes de la catastrophe en cours, pourtant révélés chaque jour davantage par de nombreux experts et lanceurs d’alertes à travers le monde ; où les progrès de la science notamment dans les domaines de la génétique et de la modification du vivant, de l’astrophysique et de l’exobiologie, autorisent la possible invention de nouveaux scénarii de développement de l’être humain et du vivant sur Terre, et peut-être ailleurs… ; dans ce monde là, fini et de plus en plus plein, où tout ce qui vit donc est soumis à des contraintes et dominations de toutes sortes et de plus en plus puissantes, la question des frontières et des limites (de la Terre, de la vie, de l’humanité, de la modification, du supportable) est devenue l’un des enjeux les plus prégnants de notre civilisation.
Au célèbre « l’homme est né libre, et partout il est dans les fers » de Rousseau, les Borderlines investigations répondront en s’intéressant à quelques-uns de ces fers que n’importe quel observateur extra-terrestre - qu’on finira bien par découvrir un jour - pourrait trouver singulier sur notre globe et dans la structure et les limites des entités, vivantes ou non, qu’on y trouve.
Point de défaitisme dans les Borderlines investigations face à l’ampleur de la tâche. Point de diagnostique de l’effondrement en cours sans réaction et volonté de trouver une solution.
La collapsologie (c’est-à-dire l’étude de l’effondrement) à laquelle les Borderlines investigations emprunteront certaines analyses, n’est pas une résignation, mais bien un réveil de la pensée et des initiatives, et un encouragement à tenter autre chose.
Comme la frontologie, à laquelle les Borderlines investigations emprunteront aussi, n’est pas l’acceptation des limites, mais la volonté d’en découdre (la frontologie étant entendue ici non comme l’étude des fronts en météorologie, mais dans une nouvelle acception, plus large – un pari que je fais sur l’évolution d’un mot et la naissance d’une science - celle de l’étude de toutes les frontières et limites du monde)
Les Borderlines investigations tenteront donc de conjurer les limites, d’ouvrir des brèches, de chercher des passages et de changer la donne. Avec beaucoup d’application et d’énergie.
L’International Group of Research and Action in Frontology (Groupe international de recherche et d’action en frontologie / GIRAF)
L’International Group of Research and Action in Frontology réunit un groupe de chercheurs et d’activistes internationaux en frontologie. Il a été créé en janvier 2017 par des hommes et des femmes convaincus qu’il fallait changer radicalement notre manière de penser le monde et ses limites.
Pour ce faire ils établissent des rapports précis, détaillés, argumentés et lucides des situations mettant en jeu une limite/frontière. Ils creusent les questions qu’ils identifient, et imaginent des réponses.
Les frontologues abordent notamment les points suivants :
Pourquoi sont-ils tous entassés ici ?
Pourquoi c’est vide là ?
C’est quoi la logique de répartition et de séparation des choses ?
(et aussi des humains)
(et aussi de tous les terriens d’ailleurs, végétaux et animaux)
Comment ça s’est constitué ?
Qu’est-ce que ça produit ? Quels problèmes cela pose ?
Est-ce que c’est bien ? Est-ce que ce n’est pas bien ?
Quels flux cela génère ? Par où ça peut se traverser ? se contourner ? se dépasser ? Comment ?
Quelles conséquences sur les territoires et les organisations humaines ?
Comment réagir ? Quelles solutions apporter ?
Chaque rapport de l’International Group of Research and Action in Frontology fait l’objet d’une communication sous la forme d’une rencontre publique, où sont présentés les résultats de l’enquête et les solutions imaginées.